mardi 10 juin 2008, mis à jour à 20:05
Sans ouverture, la Tunisie risque des troubles, dit un opposant
Reuters
La Tunisie doit libéraliser sans tarder son système politique pour éviter de voir s'étendre les troubles sociaux, a déclaré mardi l'opposant Ahmed Nejib Chebbi dans une interview accordée à Reuters.
Ces deux derniers mois, le sud-ouest de la Tunisie, pays habituellement stable, a été le théâtre de violentes manifestations de jeunes contre le chômage et la hausse du coût de la vie. Une élection présidentielle est prévue l'an prochain.
"Si le système politique n'est pas réformé, le pays s'expose à des risques", a dit Chebbi par allusion aux émeutes. "C'est une explosion sociale qui risque de s'étendre à d'autres régions."
Ancien secrétaire général du Parti démocrate progressiste (PDP), principale formation de l'opposition tunisienne, Chebbi est le seul responsable politique en vue à avoir exprimé l'intention de briguer la présidence en 2009. Mais un projet de loi peut encore l'empêcher d'être candidat.
Le président Zine el Abidine ben Ali, au pouvoir depuis 1987, avait été réélu avec 94,4% des voix en 2004, alors qu'il faisait face à trois adversaires politiques. Des pressions sont exercées sur lui pour qu'il favorise une ouverture politique.
"PAYS BLOQUÉ"
Chebbi a préconisé un dialogue entre les autorités et la société civile, une représentation parlementaire plus diverse et une plus large ouverture des médias tunisiens.
"La réforme du système politique à l'occasion de ces élections est vitale pour la Tunisie", a-t-il dit après avoir rencontré à Bruxelles le président du Parlement européen, Hans-Gert Pöttering.
"Sans libéralisation de la vie politique et sans réforme du cadre légal, la Tunisie restera un pays bloqué."
Le président Ben Ali a annoncé en mars que la Constitution serait amendée pour qu'un plus grand nombre de candidats puissent se présenter à la présidentielle de 2009. Mais cet amendement revient à exclure Chebbi parce qu'il limite les candidatures aux chefs de parti en fonctions depuis deux années consécutives.
"C'est une loi qui verrouille le paysage politique, qui exclut la libre compétition", a déclaré Chebbi, juriste de 60 ans qui n'avait pas pu participer à la présidentielle de 2004 parce que son parti n'était pas représenté au Parlement.
"Même si on n'arrivait pas à obtenir l'ouverture du système, ce qu'on aurait fait d'ici les élections renforcera le camp de la démocratie (...) pour faire ouvrir le système prochainement", a-t-il ajouté.
Version française Philippe Bas-Rabérin