Algérie. Chape de plomb sur la presse internationale
Le retrait, mardi, des accréditations des correspondants à Alger des agences de presse AFP et Reuters, souligne la difficulté d’informer en Algérie.
Le gouvernement algérien a annoncé, mardi, le retrait des accréditations aux correspondants des agences AFP et Reuters à Alger pour avoir donné de fausses informations sur des attentats islamistes. Les autorités ont reproché au premier d’avoir gonflé, sur la base de sources sécuritaires, de 2 à 13 morts le bilan du double attentat contre une entreprise française dimanche à Beni Amrane près d’Alger. Et au second, l’annonce, lundi, par erreur la mort de 20 personnes dans un attentat fictif à la gare routière de Bouira (120 km à l’est d’Alger), sur la base d’une source sécuritaire.
Absence de porte-parole
La violente réaction du gouvernement contre les agences de presses occidentales pose le problème de l’absence de communication officielle sur les attentats terroristes en Algérie. « Comme en temps de guerre, le pouvoir muselle l’information. Mais l’Algérie est-elle en guerre ? Il y a quelques mois, le ministre de l’Intérieur avait annoncé que la guerre contre le terrorisme était terminée », a remarqué hier le quotidien électronique « toutsurlalgerie.
com ». « Les gouvernants algériens persistent encore en 2008 à vouloir dissimuler à leurs concitoyens ce qui les concerne au premier chef », a estimé hier le quotidien francophone El Watan. En fait, le gouvernement n’a pas de porte-parole disponible afin de répondre quotidiennement aux questions des journalistes, laissant place aux rumeurs, spéculations et manipulations de tous genres. Lorsqu’un attentat où un événement majeur se produit en Algérie, les journalistes n’ont aucun contact officiellement désigné pour confirmer son bilan et ses circonstances.
Echéances électorales en vue
Le retrait des accréditations aux correspondants de l’AFP et de Reuters intervient dans un contexte trouble marqué par le retour en force des groupes armés qui ont perpétré de nombreux attentats sanglants ces derniers jours, les rumeurs sur l’état de santé du président Bouteflika et la bataille sur sa succession à moins d’une année de la présidentielle d’avril 2009. L’absence de revendication du double attentat de dimanche contre l’entreprise française Razel et le retard pris par les autorités pour communiquer le bilan de cette attaque ont aggravé le climat de suspicion et la sécuritaire en Algérie. Et plusieurs questions restent sans réponses. Le gouvernement a-t-il décidé de cacher la mort de huit gendarmes dans le double attentat perpétré à Beni Amrane, annoncé par AFP et démenti le lendemain par le ministère algérien de la défense ? La source sécuritaire qui avait induit en erreur le correspondant de Reuters à Alger a-t-elle agi délibérément pour couvrir le pays d’une chape de plomb à la veille des présidentielles d’avril 2009 et la révision de la constitution prévue avant la fin de l’année ?
De notre envoyé spécial à Alger, Ali Idir
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