Véhicules saccagés, pillages, agences bancaires attaquées, barricades sur la rue principale, population apeurée... Oran, la seconde ville d'Algérie, a connu, lundi 26 et mardi 27 mai, deux jours d'émeutes. C'est l'annonce de la relégation en seconde division de l'équipe locale de football, le Mouloudia d'Oran, qui a servi de détonateur à ces violences. Celles-ci font craindre une éventuelle répétition des émeutes d'octobre 1988, pour la démocratie et le multipartisme, qui avaient été réprimées dans le sang.
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Edition abonnés Fiche pays : Algérie
Les incidents ont commencé, lundi, dans le quartier populaire d'El-Hamri avant de s'étendre mardi à plusieurs quartiers d'Oran. Des barricades ont été érigées et des pneus brûlés. Les commerces ont fermé tandis que de nombreux habitants tentaient de mettre à l'abri leurs véhicules, dont plus d'une centaine ont été saccagés par les jeunes casseurs.
CENT CINQUANTE ARRESTATIONS
Des informations non confirmées officiellement font état d'un policier tué au cours des affrontements. Les bilans publiés par la presse parlent de 70 policiers blessés et de plus de 150 arrestations parmi les jeunes émeutiers. La semaine dernière, un match opposant deux clubs d'Alger, El-Harrach et Kouba, a donné lieu à des violences et à une mobilisation exceptionnelle des services de sécurité. Le football n'est qu'un prétexte, pour les jeunes Algériens, le plus souvent des quartiers populaires, pour exprimer de manière confuse leur frustration et leur colère.
A défaut d'une vie politique crédible, les émeutes sont devenues une forme d'expression banalisée en Algérie. Ces derniers mois, elles ont pris un tour de plus en plus violent. Les plus graves ont touché la ville de Berriane, près de Ghardaïa, à 900 km au sud d'Alger, où des incidents entre jeunes ont tourné à l'affrontement communautaire entre Arabes et Mozabites, faisant deux morts et des dizaines de blessés.
Ces violences, qui se déclenchent parfois pour des prétextes anodins, traduisent une exaspération grandissante alors que le pays vit dans un état d'hibernation politique prolongé. La campagne lancée il y a quelque mois pour un changement de la Constitution permettant à M. Bouteflika de briguer un troisième mandat présidentiel s'atténue. Selon Le Quotidien d'Oran, "l'intensité dramatique des émeutes" va imposer un "changement radical" dans les prévisions du pouvoir. A en croire ce journal, le ministre de l'intérieur, Yazid Zerhouni, "aurait émis des réserves" à l'idée d'un troisième mandat de M. Bouteflika.
Amir Akef
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2008/05/28/emeutes-a-oran-deuxieme-ville-d-algerie-apres-la-relegation-d-un-club-de-football_1050702_3212.html