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 L’adhésion à l’OMC

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Date d'inscription : 19/08/2007

L’adhésion à l’OMC Empty
MessageSujet: L’adhésion à l’OMC   L’adhésion à l’OMC Icon_minitimeJeu 29 Mai - 15:12

Petites phrases autour d’un dossier majeur

par Abed Charef, Le Quotidien d'Oran, 4 mai 2008

Débat, coup de gueule ou simple opération politicienne ? L’adhésion à l’OMC a donné lieu à une passe d’armes du RND contre le gouvernement. En attendant une suite qui ne viendra pas.

Le dossier s’est imposé presque par inadvertance. Au détour d’un débat très protocolaire organisé par le très docile Conseil de la Nation, l’adhésion de l’Algérie à l’OMC a refait surface. On ne sait s’il était réellement dans l’intention des organisateurs de ce séminaire de lancer le débat et de poser les vraies questions. Mais les choses les ont visiblement dépassés, pour atteindre des proportions que le discret Abdelkader Bensalah ne devait guère soupçonner.

Dans ce débat, trois positions se sont exprimées. La première, radicale, rejette en bloc l’idée d’adhésion à l’OMC, une organisation qui « n’apportera que misère », selon la formule de l’ancienne sénatrice, Mme Meriem Belmihoub. Aussi ancrée dans ses positions idéologiques, Mme Louisa Hanoun a développé un argumentaire assez proche. Cette organisation internationale « n’est pas neutre », mais soumise à « l’hégémonisme américain », souligne la présidente du Parti des Travailleurs, qui appelle à un débat national sur la question, qualifiant les négociations en cours depuis près d’une décennie de « clandestines ».

A l’opposé, les représentants du gouvernement ont développé le discours traditionnel, avec des mots souvent pompeux, en affirmant, par exemple, que l’adhésion à l’OMC est un « choix stratégique, souverain et irréversible». Un représentant du ministère du Commerce a affirmé, contre toute évidence, que cette option a suscité... l’unanimité de la classe politique, des partenaires sociaux et des universitaires sur la nécessité pour l’Algérie d’intégrer l’OMC».

Curieusement, la position la plus réaliste est venue de représentants du RND ! M. Abdelkrim Harchaoui, ancien ministre et proche de Ahmed Ouyahia, a noté que l’Algérie veut intégrer une organisation commerciale alors qu’elle a peu de choses à exporter, à l’exception des hydrocarbures. Un autre ancien ministre du Commerce, M. Bakhti Belaïd, a développé l’analyse la plus lucide, en notant que le choix d’entamer des négociations d’adhésion à l’OMC s’est fait sans que son impact sur l’économie du pays ne soit évalué. De plus, l’option a été prise alors que le pays était « fragilisé », sans oublier le plus important : « l’administration économique n’est pas outillée pour suivre les accords signés par l’Algérie», a-t-il dit.

M. Belaïd a touché du doigt le noeud du problème. Une entreprise aussi ambitieuse que l’adhésion à l’OMC ne peut être menée par une équipe de technocrates insouciants, déconnectés de l’économie du pays. L’opération est beaucoup plus complexe. Elle aurait dû, en fait, mener les négociateurs algériens eux-mêmes à imposer des réformes économiques d’envergure, pour permette au pays de tirer profit de cette adhésion.

Adhérer à l’OMC n’est pas un simple effet de mode. C’est une prise en compte des nouvelles réalités économiques mondiales, à travers un mot très galvaudé mais dont l’Algérie n’a pas pris la mesure : la mondialisation. Tirer profit de cette situation implique d’abord une évaluation de l’état du pays : où en est son économie, où en sont ses institutions ? Sur quels terrains peut-on être compétitif, comment bénéficier d’avantages comparatifs, d’effets de proximité de l’Europe, et comment tirer profit des ressources du pays, notamment une énergie relativement abondante et à prix raisonnable ?

En posant simplement ces questions, on arrive à un constat évident. L’économie algérienne a un retard énorme. Aller à l’OMC dans ces conditions, qui datent d’avant le début des négociations, signifie une condamnation définitive de l’économie du pays. Un long travail de mise à niveau des entreprises et des institutions est indispensable. Sans quoi, l’Algérie serait condamnée à perpétuer la situation actuelle, et à l’aggraver, en exportant les hydrocarbures et à importer tout le reste.

Il n’est pas nécessaire d’être un grand économiste pour s’en rendre compte. Le simple bon sens suffirait, d’autant plus que l’expérience de l’accord d’association avec l’Union européenne est là, avec ses effets dévastateurs qui menacent de ruiner ce qui reste de la production nationale, tout en faisant le bonheur des fameux importateurs, qui poussent à davantage de dérégulation dans l’immédiat pour élargir leur champ d’action.

Les enjeux de l’adhésion à l’OMC paraissent ainsi évidents. Même si les positions idéologiques ou dogmatiques sont rejetées, le simple bon sens impose une révision des choix en cours, des choix souvent irresponsables, car le pays ne peut les assumer. En ce sens, M. Belaïb a souligné l’incapacité de l’administration économique à suivre l’adhésion à l’OMC. Mais l’incapacité des institutions algériennes à assurer l’accompagnement politique nécessaire de l’opération est encore plus flagrante. L’Algérie ne dispose pas des instruments nécessaires pour garantir une place pour son économie sur la scène internationale.

C’est ici, pourtant, que se situe le plus grand danger. L’Algérie a d’abord besoin d’une vision d’avenir sur la place légitime qu’elle doit occuper. Elle doit mettre le paquet pour y arriver. Une fois la démarche engagée, elle envisage une adhésion progressive à l’OMC, qui constituera à son tour un élément de motivation pour améliorer ses performances économiques.

Non seulement on en est loin, mais le pays prend le chemin inverse de ce qu’il faut faire, tant ses institutions sont incapables de la moindre initiative. La preuve en est fournie par ce débat sur l’OMC. Voilà en effet des anciens ministres, membres d’un parti, le RND, qui soutient M. Bouteflika, dirigé par un homme devenu l’envoyé spécial du chef de l’Etat, mais qui expliquent leur scepticisme à propos d’un dossier économique majeur. La logique voudrait que des institutions - leur propre parti, le gouvernement dont sont membres des dirigeants RND, le Parlement où le RND est présent, l’Alliance présidentielle dont ils sont membres -, s’emparent de ce dossier pour corriger le tir.

Il n’en sera rien. M. Ahmed Ouyahia se contentera d’exprimer sa satisfaction face aux acquis réalisés, et le Sénat, organisateur du débat, sera le premier à approuver l’adhésion à OMC à l’unanimité.
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