Le génie marocain interpelle les Congolais
(Le Phare 09/06/2008)
Dans les années ’60, la République Démocratique du Congo affichait un produit intérieur brut comparable à ceux du Canada, de la Corée du Sud, de l’Afrique du Sud, de l’Egypte, du Maroc, etc. Un demi-siècle après, notre pays patauge dans la mare des « Pays Pauvres Très Endettés » (PPTE), alors que le Maroc, à défaut de figurer dans le carré du G.8, est cité dans la sphère des « marchés émergents », entendez les nations qui se signalent par un progrès économique et industriel fulgurant.
Neuf journalistes africains, dont sept Congolais de Kinshasa, un Congolais de Brazzaville et une Camerounaise, viennent de tâter du doigt, du 1er au 5 juin, le génie marocain dans les domaines du tourisme, de l’industrie lourde et de transformation, de l’artisanat, de l’agriculture, de la pêche, de l’enseignement, de la santé, des infrastructures, de l’élevage. Ces « invités » de l’Ambassade du Maroc à Kinshasa peuvent attester que la machine du développement y est lancée à grande vitesse. Cela se constate à partir de l’hublot d’un avion, à l’approche de n’importe quel aéroport d’un pays qui compte douze plates-formes aéroportuaires internationales.
L’autosuffisance alimentaire presque assurée
Il y a une quinzaine d’années, apprend-on, le Maroc dépendait encore de l’extérieur en ce qui concerne plusieurs denrées de consommation courante. A ce jour, les rares produits agricoles importés sont le thé, le café, le fromage et le lait. Pour le reste, les besoins intérieurs sont totalement satisfaits en ce qui concerne le poisson, la viande, le blé, l’orge, la banane, la mangue, l’orange, l’oignon, la pomme, la pomme de terre, l’huile d’olive, l’huile de palme, l’igname, l’ananas, etc.
Ses excédents alimentaires sont exportés. Parmi les acheteurs des fleurs roses et du blé marocains figurent les Etats-Unis d’Amérique. La sardine, le jus d’ananas, le jus d’orange, la bière, la viande de bœuf sont conditionnés en boîtes et vendus aux consommateurs étrangers. Aux yeux des observateurs étrangers, le peuple marocain paraît avoir déjà assuré son autosuffisance alimentaire par les officiels, par fausse modestie sans doute, refusent de l’admettre, au motif que leur pays est encore demandeur de fortes quantités de thé en provenance de Chine.
Un pays désertique
Le Maroc est un territoire de 27 millions d’habitants, dont 50% a moins de 20 ans et 70% moins de 30 ans. Sa superficie est de 710.850 km², soit trois fois moins que la RDC. Les 2/3 sont occupés par le désert. Sa côte atlantique s’étale sur 3.500 km tandis que celle de la Méditerranée est longue de 500 km. 14 km seulement séparent la ville de Tanger, le point le plus avancé au niveau du Détroit de Gibraltar, des rives de l’Espagne. D’où la grande bataille que livrent les autorités marocaines et espagnoles contre l’immigration clandestine.
Mais lorsque l’on contemple d’en-haut la mosaïque des champs de blé, d’orge, d’olive, de palmeraie, de pomme, d’ananas, d’orange, de riz qui se perdent à vue d’œil ou que l’on parcourt les places marchandes aux paniers débordantes de vivres frais, l’on a du mal à croire se trouver dans un pays semi-désertique.
Tout est mécanisé : la pêche, l’agriculture, l’élevage. De grandes écoles mettent chaque année sur le marché des agronomes automatiquement récupérés par des industries agro-alimentaires qui gèrent de grands pâturages, des étangs, des fermes agricoles, à travers tout le pays. Des canaux d’irrigations traversent les champs sur des kilomètres.
L’industrie se porte bien
L’industrie lourde marocaine est très performante. Elle produit, par son propre génie ou sous licence, des véhicules, des bateaux, des médicaments, des aliments en conserves (sardine, ananas, viande, orange), des boissons alcoolisées ou gazeuses, du ciment, du bitume, des habits, des chaussures, du papier, des tôles, des cosmétiques, etc.
Des fabriques de plastiques, de carreaux, de sacoches, de sacs à mains, d’allumettes, de savons se rencontrent dans toutes les grandes villes. Dans le secteur des biens manufacturés, le pays ne dépend presque pas de l’étranger. Des compagnies aériennes, dont la plus connue est la Royal Air Maroc (RAM), de chemins de fer, maritimes et fluviales, sans compter celle des transports routiers, associées à des réseaux routiers et ferroviaires quadrillant tout le pays, ont éloigné de longue date le spectre du désenclavement. Les autoroutes nouvellement aménagées se comptent par centaines, pendant que d’autres sortent des terres.
2008-06-09
(Jacques Kimpozo Mayala, envoyé spécial)
© Copyright Le Phare
Mar 10 Juin - 13:44
