Evidemment, le gouvernement ne va pas s’en vanter!
La balance courante est redevenue déficitaire. La nouvelle est grave, très grave.
Pendant des années, il y avait assez d’excédents de la balance des services pour combler le trou du commerce extérieur. Autrement dit, le tourisme, les investissements étrangers et les envois des expatriés (et où figurent sans doute les recettes du kif!) étaient suffisants pour que le Maroc se paye ce qu’il lui fallait comme pétrole, blé, machines… Et, soulignons-le, c’est cet excédent qui a permis au pays de commencer à vivre comme une nation presque normale, c’est-à-dire gagnant collectivement assez de devises pour permettre un réel assouplissement des échanges, condition première pour avoir des chances de survie dans un monde globalisé.
Voilà des années, depuis le gouvernement El Youssoufi en fait, qu’opérateurs et observateurs s’inquiétaient de voir se creuser chaque mois un peu plus le déficit commercial. Rien n’y fit. On aurait dit que l’existence d’un ministère ad hoc n’avait qu’une utilité: y ranger les dossiers désagréables, pour les oublier sitôt la porte refermée. Il est vrai que, depuis les Aziz Guessous, Hassan Abouyoub ou Mourad Chérif, les Premiers ministres n’ont pas eu la main heureuse pour choisir leurs coéquipiers chargés du Commerce extérieur! En vérité, ce portefeuille n’était plus qu’un lot de consolation pour parti politique vexé.
Et c’est bien à cause de cela que la situation s’est à ce point dégradée. Maintenant, il y a le feu à la maison. On va voir ce que l’actuel titulaire, Abdellatif Maâzouz, va faire, car compte tenu de la dégradation de la situation, ce poste est redevenu un pôle stratégique.
C’est là que tout va se jouer: ou bien le Maroc se maintiendra sur sa lancée de croissance et d’insertion dans la mondialisation, ou bien il courra à l’effondrement financier, puis économique et social comme au début des années 80.
Nadia SALAH
leconomiste.com