Al Qaïda au Maghreb peinerait à garder ses combattants étrangers
ALGER (Reuters) - Des dizaines d'étrangers ayant rejoint les rangs d'Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) sont déçus et veulent regagner leur pays, affirme un influent membre de l'organisation qui s'est récemment rendu aux autorités, cité par la presse algérienne.
Benmessaoud Abdelkader s'est livré le mois dernier à la suite de désaccords avec d'autres dirigeants d'AQMI. Il a donné une conférence de presse pour la presse algérienne dans un lieu qui n'a pas été précisé.
"Il (Benmessaoud) a estimé leur nombre à 50. La plupart de ceux qui étaient actifs au Sahara sont rentrés chez eux après avoir compris que ce qu'ils recherchaient n'était qu'une illusion", écrit El Watan, faisant référence à ses propos sur le nombre d'étrangers membres du groupe.
"Les quelques recrues étrangères encore présentes en Algérie le sont parce qu'elles n'ont pas d'autre choix ou n'ont pas encore trouvé les moyens de regagner leurs pays d'origine", écrit en le citant le journal Liberté.
"Ils (les dirigeants de l'organisation) font le contraire de ce que l'islam prescrit", a-t-il ajouté, citant les attentats suicide et le racket.
COMPARAISON AVEC L'IRAK ET L'AFGHANISTAN
"Utiliser des attentats suicides et des explosifs est la stratégie d'organisations aux abois.
"La situation en Irak et en Afghanistan diffère de celle qui prévaut en Algérie. Dans ces pays, il y a une occupation, ce qui n'est pas le cas dans notre pays."
L'organisation, auparavant appelée Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), a prêté allégeance à Al Qaïda l'an dernier. Selon Benmessaoud, cette décision a été prise par le chef du mouvement, Abdelmalek Droudkel, sans consulter les autres activistes.
AQMI a revendiqué un triple attentat suicide qui a fait 33 morts à Alger le 11 avril, et le mois dernier elle a fait savoir qu'elle planifiait une campagne de violences contre les "infidèles" et les forces gouvernementales au Maghreb, et a exhorté les musulmans à rester à l'écart de cibles potentielles dans un communiqué publié sur internet.
Fondé en 1998, le GSPC était une émanation des Groupes islamiques armés (GIA) qui ont mené une insurrection armée contre le gouvernement dans l'optique d'instaurer un Etat islamique.
Ce soulèvement a été déclenché par l'annulation des élections de 1992 que le Front islamique du salut était en passe de remporter. Environ 200.000 personnes ont péri dans les violences qui ont suivi.
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