Tunisie : Football, rentabilité et entreprise

Tunisie : Football, rentabilité et entreprise

Actuellement, en Tunisie, les clubs de la Ligue Professionnelle 1, disposent de budgets annuels variant entre 10 millions de Dt pour l’ESS (Etoile Sportive du Sahel) Champion sortant, 7 millions de Dt pour le CSS (Club Sportif Sfaxien) et l’EST(Espérance Sportive Tunisienne), 5 millions de Dt pour le CA (Club Africain) jusqu’à 1 million de Dt pour les moins fortunés comme JS (Jendouba Sport) ou CSHL (Club Sportif de Hammam Lif).

En gros, les 14 clubs de la Ligue 1 de Foot consomment un budget annuel cumulé et consolidé de 70 millions de Dt par an, plaçant le football parmi les 50 premières entreprises en Tunisie du point de vue des chiffres d’affaire, avec plus de 4.000 salariés entre joueurs professionnels, cadre technique et cadre administratif et créant jusqu’à 8.000 emplois indirects, entre travailleurs aux stades, gardiens, billetterie, marketing etc

Donc il ne s’agit plus d’activité de plaisir, d’amateurisme, mais d’un vrai business, avec création de richesse, d’emplois, de flux financier, d’un tourisme intérieur et à l’étranger, voyages et même exportation et rentrée de devises dans le cadre de vente de contrats de joueurs à l’étranger, où le bilan de la Tunisie demeure excédentaire.

La raison de ce propos est les incidents qui ont émaillé la rencontre C.A. Bizertin - C. Africain disputée samedi dernier au stade 15-Octobre de Bizerte dans le cadre de la 4e journée du championnat de la Ligue I professionnelle de football.

Je ne vais pas traiter des retombées indirectes sur l’image de La Tunisie à l’étranger, unique pays africain à prendre part à 5 coupes du monde, ou sur l’image positive que peut véhiculer le sport et spécialement, le foot.

Mais lorsque on prive un club, en l’occurrence le CAB (Club Sportif Bizertin) de ses moyens de production et de vie, en le privant des rentrées d’argent de la billetterie et des droits de transmission, on met ainsi une entreprise et non seulement un club, en péril, avec crainte de faillite et de chômage pour les sportifs, outre qu’on punie toute une région pour les agissements d’une bande de criminels.

Je ne vais nullement justifier les actes de violence et de vandalisme commis par des criminels et des bandits, ni l’arbitre dont la prestation a été, au passage, très médiocre, sans influer sur le résultat final du match, ni l’enjeux, ni même l’historique entre les deux équipes imprégnées de fair-play, ne peuvent justifier, ni expliquer ce qui s’est passer.

Mais je pense pour ma part que la punition, la sanction et le mépris ne peuvent pas réparer le gâchis.

Oui pour des amendes pour réparer les dégâts subits par l’infrastructure, oui pour la punition par la justice des fauteurs et des criminels, qui au passage ont été identifiés et arrêtés par les forces de l’ordre et différés devant le parquet de justice.

Mais oui aussi pour une réflexion sociologique profonde sur les raisons de cette violence, de cette haine de l’autre, oui pour un meilleur encadrement des supporters dans et en dehors du stade.

En punissant le CAB et la région de Bizerte, je pense qu’on se trompe de cible.

Galia Skander 22-09-2007

http://www.tunisieaffaire.com/articles.php?id=736