Investissements étrangers : l’Algérie attend toujours le PDG du groupe Emaar
Par sonia lyes le 01/06/2008 à 11:28
Annoncés en grande pompe en juillet 2007 à Alger en présence du président Bouteflika, les projets du groupe émirien Emaar devaient transformer profondément Alger pour en faire une ville moderne. Ils devaient également symboliser l’arrivée en force des investisseurs du Golfe : Emaar et le gouvernement algérien avançaient à l’époque le chiffre de 25 milliards de dollars d’investissements. Au menu : une transformation totale de la baie d’Alger, avec la construction d’immeubles de bureaux et d’hôtels de luxe ; la construction d’une nouvelle gare ferroviaire en plein cœur de la capitale qui accueilleraient plusieurs centaines de milliers de voyageurs par an ; des programmes touristiques sur la côte est d’Alger…
Mais près d’un an après cette annonce, les projets du groupe Emaar sont au point mort. Le 18 mars dernier, Abdelhamid Temmar annonçait timidement la signature d’un protocole d’accord avec le groupe émirien. L'accord entre les deux parties porte sur la réalisation de trois projets dans les domaines de la santé et du tourisme. Selon le ministère de l’investissement, Emaar doit réaliser, en partenariat avec une entreprise algérienne, une "Cité de la Santé" sur 20 hectares dans la ville de Staouéli, un établissement hôtelier et des infrastructures à usage public sur environ 400 hectares à Sidi Abdallah, une ville nouvelle en construction sur les hauteurs de la capitale. Le protocole prévoit également la réalisation d'un projet hôtelier et touristique intégré dans la zone touristique de Douaouda, près de Tipaza sur près de 109 hectares. Montant total estimé de ces projets : 5 milliards de dollars. Des projets et un montant jamais confirmés par Emaar, pourtant habitué à médiatiser fortement ses projets dans les pays arabes.
Depuis cette signature, les choses ne progressent pas. «Nous continuons de discuter avec les Algériens. Les choses avancent doucement », répond un proche du groupe Emaar. Attendu à Alger depuis février pour « finaliser » l’accord, le PDG d’Emaar boude, et ce en dépit d’un ultimatum que lui avait lancé début mars par M. Temmar : « Nous avons finalisé les accords d'investissements avec le groupe Emaar. Nous avons également invité en Algérie son PDG pour signer solennellement ces accords (…) nous avons un délai pour parapher ces accords», avait déclaré M. Temmar à l’AFP. Trois mois après cette mise en garde, le PDG d’Emaar continue de se faire désirer à Alger, au grand dam de M. Temmar.
«L’accord a été signé. La présence du PDG n’est pas indispensable », souligne la source d’Emaar. Mais une telle démarche suscite des interrogations : «un investissement de 5 milliards de dollars est tellement important pour n’importe quel groupe au monde. C’est plus que le chiffre d’affaires d’Emaar ! On ne peut pas faire signer un tel contrat par une autre personne que le PDG. L’implication personnelle de ce dernier est plus qu’indispensable pour sa réussite», souligne un banquier d’affaires.
En réalité, comme nous l’a révélé toutsurlalgerie.com dès décembre 2007, l’Algérie ne fait plus partie des priorités d’Emaar. Le groupe émirien n’aurait pas apprécié l’accueil des Algériens. «Dans les autres pays arabes, Emaar obtient tout ce qu’il souhaite : foncier, accès aux crédits…Son PDG n’est pas reçu par les ministres, mais le président ou le Roi dans le cas du Maroc par exemple. En Algérie, les choses ont été différentes », reconnaît le même banquier.
Par ailleurs, Emaar fait face à des difficultés dans au moins deux pays arabes : l’Egypte où il a réalisé des investissements difficiles dans le foncier et l’Arabie saoudite où il fait face à un procès pour cause de retards dans le démarrage de projets importants. Il est donc peu probable que Emaar démarre ses projets algériens avant de nombreux mois…
http://www.toutsurlalgerie.com/algerie-emaar-temmar-investissements-3688.html
Dim 1 Juin - 13:38