La frontière avec le Maroc destabilise l'Algérie
Depuis la grande crise, il faut admettre que l'Algérie subit une
cascade de phénomènes négatifs. Comme il faut admettre que ces
phénomènes s'infiltrent chez nous à travers le «ventre mou» de
l'Algérie : la frontière ouest. Pas le Sud-Ouest, là où les lignes
tracent la séparation avec la RASD et la Mauritanie, mais au Nord, là
où l'on vous vend le paradis pour des grammes de hash lorsqu'on ne
vous chavire pas votre Zodiac pour vous envoyer loger définitivement à
«20 000 lieues sous la mer». Une frontière passoire où se justifiait
le célèbre mot «Adkhoul ya M'barek be h'marek». Une sorte d'accord de
zone de libre échange-entre les exportateurs clandestins des deux
pays. Sauf que, dans l'affaire, le dindon de la farce c'est encore
l'Algérie. On lui échange des produits de pure contrebande, plus
nocifs qu'autre chose, comme les stupéfiants, les armes et les
explosifs contre, notamment, du carburant et des produits alimentaires
subventionnés. Un vrai marché de dupes. Devient-il, dans ces
conditions, anormal que les autorités algériennes décident de faire
mieux surveiller une frontière terrestre pourtant officiellement
fermée depuis mars 1994 ? Au nom de quoi la presse marocaine se
permet-elle de remettre en cause une décision prise en toute
souveraineté par les autorités d'un Etat justement réputé jaloux de sa
souveraineté ? Pourquoi prendre la mouche parce que le voisin décide
de remettre de l'ordre dans ses postes frontières ? Doit-on laisser se
poursuivre des trafics qui ruinent notre santé et notre trésor au
point de nous menacer de déstabilisation ? Qu'est-ce que le conflit du
Sahara occidental et qu'est-ce qu'il a à voir avec les sales trafics
qui finissent par s'élargir à l'ignoble traite des humains ?
Qu'a-t-elle à voir la construction maghrébine avec les forts soupçons
sur le commerce d'organe ? N'est-ce pas l'Algérie qui est à l'origine
du lancement de l'ensemble maghrébin à Zéralda à l'initiative du
président Chadli Benjedid ? Contrairement à ce qu'on affirme au Maroc,
il n'y a pas de double langage algérien. Les positions d'Alger sont
claires sur la question des relations bilatérales comme sur celle de
la construction de la maison maghrébine. Dans les deux cas comme dans
d'autres, elle ne sera jamais guidée telle une brouette. Elle ne se
fera jamais dicter sa conduite, elle qui n'a jamais dicté la conduite
à personne. Et peut-on sérieusement accuser les Algériens de
travailler à prolonger le conflit du Sahara occidental quand tout le
monde sait que ce ne sont pas eux qui ont envahi le territoire mais
que la trahison a été commise par d'autres ? La presse marocaine qui
se plaît a véhiculer de telles faussetés, n'est-ce pas celle-là même
qui témoignait publiquement que Peter Van Walsum avait reconnu en
personne qu'Alger pousse et encourage au dialogue et à la solution du
conflit maroco-sahraoui ? Et puis, mis à part peut-être les marabouts
déboussolés, la majorité des Algériens vous diront que la qibla n'a
jamais été vers l'ouest !
jeune-independant.net