Un taux à 7,5 % en…2014 !
Hypothétique, car il faut une croissance accélérée au rythme moyen de 6,2 %
Publié le : 06.06.2008 | 16h16
Le lot des incertitudes entourant la conjoncture économique à l'échelle mondiale est tellement important qu'il est difficile d'anticiper l'orientation de celle-ci ou même de formuler avec des marges prudentielles acceptables les hypothèses de base pour les schémas de prévision.
Les aspects dépressifs et les nombreux signes d'hésitation qui sont apparus au milieu de l'exercice 2007 et qui semblent persistants ont acculé l'ensemble des instituts de conjoncture à revoir leur copie et ajuster la croissance à la baisse.
Les hypothèses de référence retenues par le CMC effectuée à la fin du mois de février 2008 a permis de dégager une configuration de croissance pour l'économie marocaine somme toute satisfaisante. En effet, les fortes perturbations et les ondes de choc de l'environnement international ont été quelque peu amorties jusqu'à présent et semblent pour le moment épargner le comportement des principales variables de l'économie nationale.
Impulsé par un redressement notable de la production agricole, mais aussi par la tendance favorable des investissements et par le rattrapage qui s'est opéré au niveau de la consommation des ménages, le taux de croissance du PIB en volume devrait atteindre en 2008 les 5,7%. Dans cette configuration, la question qui taraude plus reste sans conteste liée au comportement éventuel de l'emploi. Les perspectives de croissance escomptées pour l'année 2008 laissent présager une amélioration de l'offre d'emploi en milieu rural, au cours du premier trimestre. Dans le même sillage, l'embauche par les secteurs concurrentiels se maintiendrait sur son rythme de croissance ascendant, en milieu urbain.
Les anticipations des entreprises industrielles et de BTP sont favorables en ce qui concerne l'emploi et prévoient des hausses d'effectifs et des recrutements, surtout pour les cadres et les techniciens spécialisés. Parallèlement, le plan d'action "Initiatives Emploi" devrait stimuler le recrutement par
la promotion de l'emploi salarié et l'appui à la création d'entreprises.
Pour sa part, la poursuite des programmes économiques et sociaux en chantier et les nouveaux projets prévus pour l'actuel exercice et ceux d'infrastructures en cours de réalisation sont de nature à favoriser la création d'emplois et une quasi-stagnation du taux de chômage. Cela pour le court terme. Quid alors pour le long terme. Là, la problématique risque d'être gigogne. Les perspectives de l'emploi et de l'équilibre du marché du travail à l'horizon 2014 apparaissent très contrastés d'un scénario à l'autre. Partant de l'année 2006 qui représente l'année de
référence, le volume net d'emplois pouvant être créé selon le scénario tendanciel à l'horizon 2014 est de l'ordre de 2 millions de postes de travail, soit un rythme moyen de 250 milliers d'emplois par an.
L'extrapolation des tendances observées jusqu'ici sur les base des changements intervenus dans la structure de production et les paramètres d'élasticité liant la variation de l'emploi en rapport avec celle de la production par secteur d'activité permet d'esquisser les évolutions futures de l'emploi et de l'équilibre du marché du
travail. Afin d'explorer les frontières des possibilités de développement pour les années à venir et tenant compte des paramètres d'élasticité de l'emploi par secteur, le travail d'extrapolation doit être conduit selon différents scénarios contrastés portant notamment sur le profil de croissance par secteur d'activité.
Les scénarios de croissance envisagés sont au nombre de trois et correspondent respectivement au scénario tendanciel avec un rythme de croissance de 4,4 %, au scénario de croissance améliorée avec un rythme moyen de 5,4 % et au scénario de croissance accélérée avec un rythme moyen de 6,2 %.
Les perspectives de l'emploi et de l'équilibre du marché du travail à l'horizon 2014 apparaissent très contrastés d'un scénario à l'autre. Partant de l'année 2006 qui représente l'année de référence, le volume net d'emplois pouvant être créé selon le scénario tendanciel à l'horizon 2014 est de l'ordre de 2 millions de postes de travail, soit un rythme moyen de 250 milliers d'emplois par an.
Le déséquilibre par rapport aux besoins sur l'ensemble de la période se situe dans cette perspective à 2 millions d'emplois, ce qui équivaut à un taux de chômage à l'horizon de la projection de l'ordre de 14 %. L'amélioration du taux de croissance moyen d'un point par rapport au scénario tendanciel, tel que envisagé dans le deuxième scénario, permet de porter la création nette d'emplois à 2,5 millions, soit une moyenne de 315 milliers par an.
Enfin, le scénario de croissance accélérée conduirait à une création nette d'emplois de 365 milliers par an et une réduction du taux de chômage à l'horizon de la
projection à 7,5 %.
---------------------------------
Les besoins nets
Les besoins futurs en matière d'emplois qui correspondent à la population active se déduisent des projections de la population en âge d'activité par application des taux d'activité moyens aux effectifs correspondant à chaque milieu de résidence. Les résultats obtenus selon cette approche et sur la base des taux d'activité tendanciels évaluent la population active totale en 2014 à 14,2 millions de personnes, soit 8,8 millions en milieu urbain et 5,4 millions en milieu rural.
Partant des données de la population active occupée en 2006, les besoins nets en emplois s'élèveraient à l'horizon 2014 à un total de 4 millions de postes, soit une moyenne de 370 milliers d'emplois nouveaux par an sans compter la population actuellement en chômage.
Par Abdelali Boukhalef | LE MATIN