Les Emirats Arabes Unis affinent leurs ambitions pour le Maghreb
Aujourd’hui, rien ne semble dissiper l’engouement des investisseurs émiratis pour le Maghreb. Après avoir mis la main sur certains grands pans du secteur immobilier de ces pays, les voilà revenir à la charge. Mais cette fois-ci, ce sont les infrastructures portuaires qui les intéressent. Ainsi plusieurs ports maghrébins vont bientôt tomber dans l’escarcelle des investisseurs émiratis. International Dubaï est déjà en bonne pole position pour être le premier investisseur dans ce secteur. Et ce sont les ports algériens qui sont actuellement sur le point de mire de ces investisseurs. Pour l’instant, les négociations entre l’Etat algérien et les investisseurs émiratis n’ont pas encore atteint leur vitesse de croisière.
En parallèle, International Dubaï mène une série de pourparlers avec les pouvoirs publics maghrébins dans la perspective d’une gestion de ces infrastructures portuaires. Il faut dire que ce secteur est en passe de devenir le véritable réceptacle d’investissements directs étrangers issus des pays du Golfe. Car ces derniers lorgnent beaucoup sur le Maghreb. Et la place stratégique qu’occupent actuellement certains ports comme ceux de l’Algérie incite les investisseurs émiratis à jeter leur dévolu sur ces infrastructures maritimes censées redynamiser davantage les économies maghrébines. Alors que les ports algériens ont réalisé durant ces dernières années une croissance de 15 à 20 %, leurs homologues de Dubaï sont capables de faire le double, voire le triple de cette croissance !
Ainsi les ports de Tanger (Maroc), de Jijel (Algérie) et d’Enfidha (Tunisie), tous destinés aux activités de « hinterland », vont opérer dans le transbordement en raison de leur position géographique. Selon les spécialistes, ces ports vont devenir stratégiques à bien des égards. Car ils sont bien placés sur les grands axes du commerce maritime international. D’où « la course » au transbordement que se livrent actuellement ces trois pays. Le Maroc s’est engagé depuis cinq dans cette nouvelle stratégie commerciale et logistique. La refonte quasi totale du port de Tanger illustre parfaitement le tournant économique que sont en train de vivre les pays maghrébins. Environ 1000 hectares seront destinés à la mise en ouvre d’une zone franche dans laquelle seront effectuées plusieurs activités industrielles, commerciales et logistiques. S’agissant de la Tunisie, les choses semblent plus avancées : à côté d’un aéroport international, un port de transbordement maritime sera érigé à Enfidha pour rivaliser avec leurs homologues de Jijel et de Tanger.
Par ailleurs, International Dubaï gère actuellement 14 stations et 11 ports à travers le monde. La multinationale émiratie opère également dans la gestion d’un important réseau de transport international touchant plusieurs pays. D’ailleurs, le ministère du Transport algérien a affirmé que des négociations assez avancées sont ouvertes avec International Dubaï concernant la gestion de certains ports maritimes du pays. Même si ces négociations semblent actuellement molles, il est évident que l’acquisition de certaines parts de marché par ces investisseurs ne doit pas traîner en longueur.
Du sang neuf dans tous les secteurs
Selon les spécialistes, la nouvelle dynamique de coopération entre le Maghreb et les pays du Golfe vont apporter beaucoup de bols d’air à l’ensemble des secteurs économiques maghrébins. Et ces impacts vont se traduire par une augmentation du taux de croissance et la création d’emplois. En Tunisie, l’édification de la « Cité du siècle » par Sama Dubaï va permettre à la réalisation d’un taux de croissance de 12 % en moyenne par an, pendant les 15 ans que dureront les travaux, soit 0,6 point additionnel pour le taux de croissance annuel moyen. Ce projet générera également 130 mille emplois additionnels durant les travaux. Notons à ce propos que les autorités tunisiennes ont spécialement veillé, dans la convention d'investissement, à ce que la main d'œuvre soit locale, en mettant en place un programme de formation spécifique qui anticipe la demande en experts et vise à réduire au maximum le recours à l'expertise étrangère. Les travaux engagés dans le cadre de ce projet auront un impact sur l'ensemble des secteurs économiques, avec un accroissement de plus de 50 % des mètres carrés construits chaque année. Ces travaux stimuleront aussi la demande en matériaux de construction et partant toutes les activités fournissant des matériaux au secteur du bâtiment. A titre d'exemple, pour répondre à la demande du projet, deux cimenteries sont en cours de construction par le secteur privé. Ainsi, l'investissement de Sama Dubaï génèrera un flux moyen de 1200 millions de dinars par an sur 15 ans, soit plus que la moyenne de 940 millions de dinars par an, entre 2002 et 2005, en investissements étrangers. Dans le reste du Maghreb, les résultats escomptés sont aussi prometteurs tant les investissements mis sur le plateau sont consistants et vont « décrisper » l’atmosphère économique maghrébine.
Vers une nouvelle dynamique de coopération
En nourrissant de telles ambitions économiques pour cette partie du monde arabe, les investisseurs des pays du Golfe, notamment les Emirats Arabes Unis, sont en passe d’ouvrir une nouvelle dynamique de relations économiques entre ces deux aires géographiques. Les investisseurs émiratis ont actuellement bonne presse auprès des pouvoirs publics et opérateurs économiques maghrébins. Ces derniers n’hésitent à multiplier des opérations de séduction et déployer des tapis rouges pour ces investisseurs. Objectif avoué : multiplier les investissements directs étrangers des pays du Golfe vers les économies maghrébines. Même si le volume des investissements des grandes entreprises émiraties au Maghreb donne actuellement du tournis pour le commun des mortels, il n’en demeure pas moins que les pays d’accueil de ces IDE, sont loin de lâcher la proie pour l’ombre. Autrement dit, cette nouvelle dynamique de coopération émergente entre maghrébins, émiratis et autres investisseurs arabes doit servir les intérêts des uns et des autres. A titre d’exemple et selon nos estimations, les investissements et promesses d’investissement émiratis sont estimés à 70 milliards de dollars US ! Et le montant de ces investissements est appelé à croître en raison de multiples niches d’opportunités présentes dans la région.
Cette bousculade au portillon du Maghreb trouve sa raison dans une « histoire récente » : les événements du 11 septembre 2001 ont durement malmené, voire laminé les fonds d’investissement arabes jusqu’alors protégés par des soubresauts géopolitiques. Mais pour certains spécialistes du Moyen-Orient, la raison principale est tout autre : le gel par le Gouvernement américain d’une grande partie de ces avoirs. Une crise de confiance déclenchée par les Etats-Unis et que les pays du Maghreb (pragmatisme aidant pour certains) n’ont pas hésité à la transformer en confiance et sécurité. Ainsi, les pays maghrébins n’ont pas traîné les pieds pour mettre réellement à profit ces investissements depuis 2002. Quasiment tous les secteurs d’activités économiques de ces trois pays sont sur le champ de tir des investisseurs arabes, notamment des pays du Golfe pour la grande satisfaction des opérateurs et autres acteurs économiques tunisiens, marocains et algériens.
B. Bocar
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